30.1.05

60 ans et 35 heures avant JC

Dans une chronique précédente je parlais des Français, dont le bon sens aurait été perverti par "60 ans de socialisme ininterrompu". Soixante ans : cela nous ramène en 1945, l'année de la victoire des Alliés (qui ont bien voulu faire une petite place à une France écrasée quelques années plus tôt), mais aussi année du début de la catastrophe selon un certain point de vue : le statut des fonctionnaires, les soviets-syndicats dans les entreprises, la Sécu, etc.

Pour autant, je n'ai pas voulu dire qu'avant 1945 la France n'était pas socialiste ou était plus libre, et je n'ai aucune sympathie pour le pétainisme, collectivisme patriotique et paternaliste à la française, inventeur entre autres de l'actuel système antilibéral de retraite par répartition (je passe sur ses autres ignominies encore plus graves, qui sont bien connues).

Dans son pamphlet décapant Laissez-nous travailler !, Thierry Desjardins évoque comme point de départ possible de la catastrophe la Constitution de 1946, d'inspiration collectiviste si ce n'est communiste (relisez son préambule, toujours d'actualité car repris dans la Constitution de 1958), constitution votée par la gauche de l'époque, la même (ou presque) qui avait installé Pétain au pouvoir quelques années plus tôt en juillet 1940 (fait trop souvent passé sous silence). Thorez, revenu de la datcha soviétique où il avait passé la guerre bien au chaud, avait fait du bon boulot (relisez les articles 8 à 11 du préambule). Et si d'aventure vous parcourez les discours de JC, président triomphalement élu de notre démocratie populaire, vous constaterez que lui aussi s'inspire de la Constitution de 1946 (que pourtant de Gaulle avait combattue).

Le résultat, Desjardins le décrit soixante ans après : les Français voient l'Etat "comme un monstre froid venu d'une autre planète avec une planche à billets". Ailleurs qu'en France, quand on a un problème, on s'en tire en travaillant davantage, en France, on en appelle tout de suite à l'Etat. Son livre, que je recommande, tire un bilan accablant des 35 heures, invention délirante d'idéologues esclavagistes : augmentation des coûts de la main-d'oeuvre, perte de compétitivité de l'économie française, fermetures d'entreprises, délocalisations, renforcement de l'étatisme, etc. La France est ainsi devenue "le pays le plus paresseux de la planète", avec la bénédiction de la droite, de la gauche, de l'extrême-droite et de l'extrême-gauche (je n'ai oublié personne, de toute façon ils se valent tous).

Et quand les politiciens daignent reconnaître le problème, c'est pour accuser pêle-mêle la mondialisation, le libéralisme, les Etats-Unis, la Chine, le dumping social (ils sont c*ns ces Chinois / Polonais / Africains de travailler plus que nous et moins cher) mais surtout, surtout pas les Français, peuple supérieur, et encore, encore moins la classe politique, trop imbue de sa supériorité et trop attachée à ses privilèges...

En tant que libérale, donc anti-politique, je n'ai aucune préférence pour aucune organisation politique du pays que ce soit, si ce n'est pour dire que la plus légère (celle qui en fait le moins) est la meilleure. En tant que libertarienne, j'ai la plus grande méfiance envers tout mode d'organisation politique, à commencer par la démocratie, qui vire toujours à la démagogie, à la dictature de la majorité (et des politiciens qui la représentent) et au vol de tous par tous au nom de l'intérêt général, de la cohésion sociale, de la solidarité mal comprise et d'autres prétextes vaseux.

Lao Tseu disait que le meilleur gouvernement ne gouverne pas du tout. Si on adopte ce seul critère d'évaluation, on a eu et on a encore en France les pires gouvernements possibles ! D'autres disent qu'on n'a que les gouvernements qu'on mérite, et que la quantité de mérite des Français diminue en permanence (ce qui s'explique sans doute par l'expatriation des plus méritants).

Je rêve d'une constitution minimale qui ne dépasserait pas une phrase : "les Français naissent libres et égaux en droit ; leurs droits imprescriptibles sont ceux de liberté et de propriété ; ils ne sont liés que par les contrats volontaires qu'ils passent entre eux, à l'exclusion de toute autre forme de contrainte". Tout le reste n'est que despotisme déguisé.

1 commentaire:

Nicolas & Flavia a dit...

En fait, c'est de l'anarchisme tout ça ! Du bon tous pourris ! La sécu nuit à la liberté ! Trop trop drôle. Pour être complètement libre, faut rejoindre les tribus "primitives", et encore, les gens de la tribu vont entraver la sacro-sainte liberté.

Donc, seul choix, vivre en ermite : liberté totale, pas de sécu, pas de patron, pas d'employé, pas de 35 h, pas de gouvernement. Elle vous plaît ma solution ?